La datation et le carbone 14
L'insertion des faits de caractère historique et des cultures dans un cadre chronologique ne cesse de poser des problèmes autant aux historiens qu'aux archéologues, bien qu'on soit parvenu à établir une sorte de chronologie universelle qui constitue un canevas dont on resserre sans cesse les mailles.

Canon chronologique

Dès avant la naissance de l'archéologie au XVme siècle, on avait cherché à établir des chronologies concernant le monde alors connu, c'est-à-dire les civilisations dites "classiques" (Grèce et Rome), celles d'Israël, de l'Egypte et des nations du Proche-Orient qu'on connaissait plus ou moins mal à travers la Bible et les auteurs anciens : Phéniciens, Perses, Assyriens, Babyloniens.
On disposait à leur égard de quelques documents précieux : le Canon chronologique qui constitue le IIe livre de la Chronique d'Eusèbe de Césarée, historien chrétien du IVe siècle, la Chronographie de Georges Syncelle de Taraise, patriarche de Constantinople qui vivait au vme siècle, les fragments de la Chronographie de Léon l'Africain, auteur du me siècle.dont les données ont été conservées par divers auteurs anciens, l'histoire d'Egypte de Manéthon, prêtre de Sébennytos qui écrivit son ouvrage au env. IIIe siècle.à la demande de Ptolémée Philadelphe et se trouve à l'origine de la division de la séquence des pharaons égyptiens en trente et une dynasties. Au XVIIe siècle.vint s'ajouter un document précieux pour l'histoire grecque : une plaque de marbre inscrite donnant une chronologie d'Athènes entre env. 264, date de la rédaction de ce texte, et env. 1582, début du règne de Cécrops (personnage mythique) à Athènes. Acquise par Lord Arundell en 1626, elle fut publiée deux ans plus tard par John Selden dans les Marmora Arundelliana.

Datation Romaine et Grec

Les Romains dataient les événements selon les noms des consuls en fonction, mais aussi à partir de la fondation de Rome, en env. 753, grâce à quoi les chronologies d'ensemble partant de l'ère chrétienne ont été aisées à établir ; il en fut de même avec les Grecs qui se basaient sur l'entrée en fonction d'un magistrat appelé l'archonte éponyme (à Athènes) mais comptaient aussi par olympiades (espace de 4 ans) à partir de la première olympiade, en env. 776. A l'aide de toutes ces données et des mentions éparses dans les divers auteurs anciens, Pierre-Henri Larcher publia en 1786, à la suite de sa traduction d'Hérodote, un Essai sur la Chronologie d'Hérodote et un Canon chronologique où il donnait une chronologie générale comprenant aussi bien les événements politiques que les faits culturels, depuis les origines de l'Egypte (qu'il repousse au-delà de 17 570 avant notre ère) jusqu'en env. 221. Pour les époques historiques, à partir du env. vme siècle, on disposait là d'une bonne base de travail. Les nouvelles découvertes, et en particulier celles d'inscriptions, permirent au siècle suivant d'affiner ces premières chronologies. L'un des travaux les plus remarquables dans ce domaine a été accompli par Henry Fynes Clinton, qui publia entre 1827 et 1834 ses Fasti Hellenici en 3 gros volumes (réédités avec des additions un quart de siècle plus tard) dans lesquels il donne une chronologie très détaillée du monde grec et romain jusqu'à la mort d'Auguste en 14.

Chronologies du monde oriental

Les chronologies du monde oriental ne purent évidemment commencer à être sérieusement établies qu'après qu'on eut déchiffré les écritures. Ainsi pour l'Egypte, à la chronologie de Manéthon vinrent s'ajouter nombre de textes relatifs aux divers règnes et en particulier une "chronique" donnant la chronologie des premiers rois d'Egypte, rédigée en hiéroglyphes et appelée "Pierre de Palerme" du fait que le document, trouvé en Egypte, fut déposé au musée de Palerme et un papyrus acquis par le musée de Turin. Seulement, il ne suffisait pas d'additionner les souverains avec la durée, point toujours connue, de leur règne, car en fait, plusieurs dynasties de Manéthon avaient régné parallèlement dans des parties différentes de l'Egypte. D'autre part, l'existence de divers pharaons, ou encore leur place dans les listes, demeurent sujettes à caution de sorte que nombre de points de détail nous sont encore obscurs. Les chronologies de la Mésopotamie ont également pu être établies à partir de listes royales et de chroniques cunéiformes, mais là aussi il reste encore des points à éclaircir, bien que dans l'ensemble les chronologies actuellement admises ne varient plus que fort peu, surtout pour les dates à partir du env. IIe millénaire.

Les civilisations sans écritures

Il restait enfin les niveaux archéologiques dépourvus de documents épigraphiques et surtout les civilisations sans écriture. Leur position stratigraphique permettait déjà de les situer les unes par rapport aux autres. Mais dans le monde méditerranéen, et en particulier de la Méditerranée orientale, les échanges commerciaux ont permis d'obtenir dans des niveaux pour lesquels on ne disposait que d'une chronologie relative (c'est-à-dire de priorité ou d'antériorité vis-à-vis d'autres niveaux) des dates moyennes grâce à la présence d'objets étrangers, datés par eux-mêmes quand il s'agit par exemple de cartouches de pharaons retrouvés jusqu'en Asie Mineure, ou pouvant être situés typologi-quement par comparaison avec d'autres objets similaires appartenant à une période connue, comme les perles égyptiennes en faïence de l'époque de Tell el-Amarna recueillies dans de nombreux sites d'Europe. La chronologie et la stratigraphie comparées ont ainsi permis, de proche en proche, d'obtenir des datations approximatives pour l'ensemble des civilisations de l'Ancien Monde à partir du début du env. IIIe millénaire.

Un travail similaire a été fait dans le Nouveau Monde, à partir des chroniqueurs espagnols qui avaient conservé d'anciennes traditions précolombiennes et des stèles mayas dont les datations ont pu être déchiffrées. Pour les périodes plus anciennes, les comparaisons strati-graphiques, les estimations répétées et confirmées d'après les épaisseurs des niveaux archéologiques, ont permis d'établir des chronologies relativement précises.

Datation au Carbone 14

Depuis une trentaine d'années, divers autres procédés, en particulier physiques : analyse du Carbone 14 (applicable uniquement à des restes organiques), dendrochronologie (compte des anneaux annuels des troncs d'arbre), thermoluminescence (utilisable avec les terres cuites) ont apporté de nouveaux moyens de datation qui, fait remarquable, ont généralement confirmé les anciennes datations obtenues par les moyens classiques que nous venons de mentionner.

Qu'est-ce que le carbone 14 ?

Lors de la mort de tout être vivant le carbone contenu dans son organisme disparaît, et c'est la forme radio-active du carbone, le carbone 14 qui est mesurée. Les particules atomiques qui le compose disparaissent progressivement et cette perte est mesurable grâce à des appareils scientifiques.

À quoi cela sert-il ?

Un prélèvement est effectué sur les vestiges qui peuvent être : des coquillages, un tesson, un silex, du charbon de bois, etc… et la datation au carbone 14 va permettre de déterminer l'âge du vestige.

Seule la recalibration des données de l'analyse du C 14 à l'aide de la dendrochronologie, qui rehausse d'anciennes datations parfois de près d'un demi-millénaire, se trouve en contradiction avec les datations classiques, sans cesse confirmées, au demeurant, par les nouvelles découvertes archéologiques.
Nous n'avons cependant pas à nous en occuper ici car elle n'intéresse réellement que les périodes préhistoriques.
Son application aux époques du Bronze a donné des chiffres totalement contradictoires (dates recalibrées pour un même niveau variant parfois entre elles de plusieurs siècles !) dans lesquels les auteurs choisissent arbitrairement ceux qui conviennent le mieux à leurs théories : méthode parfaitement fantaisiste ou en tout cas nullement scientifique.


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