Le nom de ce peuple qui occupait tous les territoires de l'angle sud-est des Balkans, recouvrant approximativement l'actuelle Bulgarie, la Turquie d'Europe et la Thrace grecque, apparaît dans Ylliade.
Les Thraces sont étroitement liés aux Daces, les uns et les autres étant sans doute des tribus d'une même ethnie établie de part et d'autre du bas Danube depuis au moins l'époque du Bronze, et sans doute plus tôt encore.
La langue thrace reste peu connue, le vocabulaire qu'on possède consistant surtout en to-ponymes, hydronymes, andronymes, etc.
Selon I. Russu, Thraces et Daces parlaient la même langue avec peut-être quelques variations dialectales ; cependant, Vladimir Georgiev s'est opposé à cette vue, établissant des distinctions entre le thrace proprement dit, le daco-mésien et l'illyrien, bien que ces trois langues (ou dialectes ?) appartiennent sans doute au même groupe linguistique, lequel s'inscrit dans l'ensemble indoeuropéen.
Très tôt, les Grecs ont eu affaire aux Thraces sur les rivages desquels ils ont fondé des colonies dès le ~ VIIIe siècle.Il semble, par ailleurs, que ces relations débutent dès l'époque mycénienne si l'on en juge par exemple d'après les épées mycéniennes trouvées dans la région du bas Danube ; par ailleurs, il a dû exister une route de l'ambre orientale qui passait par la Thrace et la légende des Argonautes naviguant sur l'Ister, c'est-à-dire le Danube, venant de la mer Noire et de l'Egée, semble conseIVer le souvenir de navigations mycéniennes vers ces régions.
Enfin, bien que sans doute d'époque plus récente que les tombes à tholos de Mycènes, celles de Mezek pourraient bien avoir conservé la tradition mycénienne.
On connaît plusieurs tribus thraces dont les noms nous ont été conservés par les auteurs anciens : Odryses vers le Rhodope oriental, Bessi au centre du Rhodope, Serdi dans la région de Sofia, Maidi sur la moyenne Struma, Triballes au nord de la Stara Planina ; signalons aussi les Gètes, qui ne sont autres que les Daces et qu'Hérodote mentionne comme une tribu thrace.
Comme les Daces, les Thraces développent sur leur territoire une culture du type de Hallstatt et ensuite de La Tène qui présente des caractères particuliers et qui est plus que toute autre marquée par l'influence grecque.
Les sites indigènes de l'intérieur, Douvanli, Mezek, Vratsa, ont tous livré vases à figure (v. Céramique) objets, bijoux, d'origine ou de facture grecque.
Les Thraces n'ont guère écrit leur langue, mais ils ont cependant laissé quelques inscriptions très courtes dans lesquelles ils utilisent l'alphabet grec.
Et comme les Daces ou les Gaulois, lorsqu'ils se mettent à frapper des monnaies ils utilisent comme modèles celles de Philippe II de Macédoine et d'Alexandre le Grand.
Avant l'époque romaine, les Thraces ont construit quelques villes comme Seuthopolis, d'influence grecque, mais en général ils vivaient dans des villages constitués par des huttes
rectangulaires à moitié souterraines, faites d'argile sur une carcasse en bois avec un toit en chaume ; chaque maison possédait une cour où étaient creusés des puits destinés à recevoir les détritus et d'autres servant de greniers à grains ; le tout était clos par une petite enceinte.
La richesse de la Thrace provenait de ses mines d'or et d'argent, de son agriculture et du commerce avec les villes grecques des rives nord de la mer Egée et du Pont-Euxin : Apollonia, Mésembrie, Odessos.
Les tribus thraces n'en conservaient pas moins auprès des Grecs la réputation d'être sauvages et belliqueuses.
Soumis un moment aux Perses maîtres des régions riveraines, les Thraces furent au ~ Ve siècle.dominés par l'une de leurs tribus, les Odryses ; ces derniers furent vaincus par Philippe II qui, en ~ 343, annexa leur Etat à la Macédoine.
Leur dépendance à l'égard des Séleucides puis de la Macédoine à l'époque hellénistique fut surtout nominale ; ils subirent les invasions des Celtes au ~ me siècle.Redevenus indépendants sous leurs rois indigènes, ils devinrent clients et protégés de Rome qui annexa la Thrace en 46 après la mort de leur dernier roi Rhmetalcès.
La Thrace constitua alors une province procuratorienne dépendant de la M-sie.
Trajan en fit une province impériale au début du IIe siècle, sa capitale se trouvant à Philippopolis.
Au bas-Empire elle constitua le diocèse de Thrace après qu'on lui eut ajouté la Msie inférieure et la Scythie mineure.
Elle demeurera l'une des provinces les plus importantes de l'Empire byzantin jusqu'à la constitution au Moyen Age du royaume bulgare formé par une population d'origine turque slavisée, venue du nord-est de la mer Noire.
Voir: Abritus, Kazanluk, Nicopolis ad Istrum, Novae, Oescus, Pana-gurichte.