L'appellation de Sémite trouve son origine dans le célèbre tableau des nations au chapitre X de la Genèse, dans lequel Sem, l'un des trois fils de Noé, avec Cham et Japheth, est donné comme le père d'Héber (les Hébreux), Élam, Assur, Aram, Arphaxad et Lud.
C'est là une classification élémentaire, qui rend compte, certes, d'un état de fait politique vers le début du ~ Ier millénaire, mais qui attribue une souche commune aux Elamites qui parlent une langue asianique et aux Hébreux, Assyriens et Araméens, dont les dialectes sont sémitiques.
Comme l'indo-européen, le sémitique est plus un concept linguistique que culturel, et certainement pas racial.
Cependant, se pose le problème de l'origine, tout autant que de la nature, du groupe qui parlait une langue "proto-sémitique" et s'est imposé à ses voisins, dans la mesure où il existe réellement une unité primordiale des langues sémitiques.
L'arabe est longtemps apparu comme l'une des langues les plus proches du sémitique commun, et de nombreux spécialistes ont voulu \oii dans la péninsule Arabique le berceau des peuples sémitiques, situation qui expliquait dans une certaine mesure les aspects sémitiques marqués de l'égyptien ancien et les rapprochements qu'on a pu faire avec les langues dites chamitiques parlées en Afrique orientale et auxquelles on a même voulu rattacher le berbère.
Il semblerait que ce soit très haut dans la préhistoire, sans doute au Mésolithique (daté pour le Proche-Orient entre les ~ Xe et ~ VIIIe millénaire) que se sont séparés les groupes qui vont constituer les peuples sémitiques des époques historiques, et il semble vain de chercher à déterminer un berceau précis.
On a pu penser à une certaine époque que le sud de la Mésopotamie a été occupé par des populations de nature inconnue, peut-être asianique (appellation commode pour désigner les populations de l'Asie antérieure ni sémites, ni indo-européennes parlant généralement des langues agglutinantes), avant l'arrivée des Sumériens.
Les Sémites ser raient arrivés plus tard dans cette région, et Akkad serait leur premier État organisé.
Or, l'importance de l'élément sémite à Mari et à Kish dès le début du ~ IIIe mill, laisse supposer qu'il y était établi depuis déjà longtemps, au point qu'on pourrait tout aussi bien soutenir que les populations de la Mésopotamie préhistorique et en particulier les gens de la culture d'el-Obeid étaient déjà des Sémites, refoulés ou en grande partie assimilés par les Sumériens dont ils auraient pu adopter la langue.
Par ailleurs, la découverte des tablettes aEbla, qui révèlent l'existence d'un État où l'on parlait une langue sémitique apparentée aux dialectes cananéens dès le milieu du ~ IIIe millénaire, met en question l'hypothèse de migrations venues de l'Arabie.
Il est peut-être utile de rappeler ici la théorie d'Ignazio Guidi qui, à la suite d'une étude serrée des divers vocabulaires sémitiques, a pu établir la communauté des termes qui s'appliquent à des régions de plaines arrosées par des fleuves, l'exemple du mot nahr, qui signifie fleuve dans toutes les langues sémitiques, étant caractéristique, alors que chaque langue possède un terme différent pour désigner la montagne.
Seule la Mésopotamie répondrait au concept d'un berceau primitif.
L'origine syrienne de migrations comme celles des Amorites et des Araméens laisserait tout aussi bien supposer que c'est vers le haut Euphrate et dans les régions situées au sud qu'il convient de placer l'un des foyers d'expansion des Sémites.
Quant aux Assyriens, qu'on voit établis en Mésopotamie du nord dès le ~ IIIe millénaire, et dans l'histoire desquels on ne trouve pas de tradition de migration, ils semblent descendre simplement des anciennes populations établies vers les rives du Tigre moyen au moins dès la fin du Néolithique.
Il n'existe pas plus de civilisation sémitique unique que de civilisation indo-européenne.
Chacun des grands peuples sémitiques de l'Antiquité a créé une culture qui lui était propre, même si l'on peut trouver quelques traits communs.
Ainsi, lorsqu'il est question de civilisation sémitique, il convient de distinguer celles des Akkadiens, des Babyloniens, des Assyriens, des Phéniciens, des Hébreux, des Nabatéens, des Araméens, des divers peuples d'Arabie, des Éthiopiens, etc.