Kassites
Les Kashshû, nom que nous transcrivons "Kassites", sont mentionnés pour la première fois sous le roi amorite de Baby lone, Samsuiluna, successeur immédiat d'Hammurabi.
La neuvième année de son règne (~ 1740) est dite "l'année des envahisseurs kassites".
Ces "barbares" tentent une seconde fois de pénétrer de force en Babylonie sous le règne d'Abîeshuh (~ 1708).
Ils semblent avoir ensuite envahi pacifiquement le sud de la Mésopotamie, se faisant engager comme mercenaires ou ouvriers.
Cependant, au siècle suivant, ils se rendent maîtres du royaume de Hana (ou Khana) qui se situait sur le Moyen Euphrate, au nord de Mari.

On pense que c'est de là qu'ils partiront à la conquête de la Babylonie affaiblie par le raid du roi hittite Mursil Ier, au début du ~ XVIe siècle.C'est sur Hana que devait régner le premier roi de la dynastie kassite, Gandash, et c'est seulement le neuvième de la lignée, Ar-gum II, qui sera maître de Babylone vers ~ 1560.
C'est cependant là un point d'histoire qui demeure obscur car Gandash se déclare déjà roi de Babylone, quoiqu'il ait été contemporain de Samsuiluna.
C'est certainement des monts Zagros que venaient les Kassites.
On pense même qu'il faut chercher l'origine de ce peuple dans le Pusht i-Kuh actuel, où les annales assyriennes mentionnent encore des Kashshû et où les Babyloniens de l'époque de Nabuchodonosor iront chercher des mercenaires.
C'est aussi dans cette région que l'on doit localiser les Cosséens {Kossaioi des Grecs et Cossaei des Latins), mentionnés par les géographes et historiens antiques, qui les dépeignent comme des montagnards-pillards aux moeurs rudes et belliqueuses qu'eut à combattre Alexandre le Grand.
Avant lui, les rois achéménides eurent quelque mal à les pacifier.
Certains auteurs font venir les ancêtres des Kassites du Caucase, en considération des noms de certaines divinités de leur panthéon et du peu que nous connaissons de leur vocabulaire et de leur langue, qui semble être agglutinante et s'intégrer au groupe assez lâche appelé asianique, dans lequel on inclut nombre de langues de l'Asie antérieure, ni sémitiques ni indo-européennes : "hattite" et les diverses langues de l'Asie Mineure précédant l'arrivée des Hittites, hourrite, voire proto-élamite, et diverses langues actuelles du Caucase.
Par ailleurs, il semble assuré, bien que le fait ne soit pas unanimement admis, que les Kassites ont été encadrés par une noblesse indo-européenne.
Cette hypothèse est étayée par l'utilisation du char à roues à rayons et tiré par des chevaux que les Kassites introduisent en Mésopotamie, et surtout par les noms1 de certaines divinités de leur panthéon, typiquement indo-aryens : Maruttash, qu'on a rapproché des Maruts de l'Inde védique, Suriash, qui rappelle le dieu Soleil Sûrya indien, Buriash, qu'on a rapproché de Borée (Boreas), le dieu grec du vent du nord.
La dynastie kassite régna sur la Babylonie jusqu'en ~ 1157, date (approximative) à laquelle Enlil-nadin-akhi, dernier roi kassite, fut vaincu sur les bords du Tigre par Kutir-Nahhunte, fils aîné du roi d'Elam Shutruk-Nah-hunte et gouverneur de la Babylonie septentrionale soumise aux Élamites.
Selon les listes dynastiques kassites, la domination kassite aurait duré 576 ans.
Les débuts de la dynastie kassite représentent une période de "siècles obscurs" qui se termine réellement avecBurnaburiashII(~ 1375/~ 1347), contemporain d'Akhénaton.
La Babylonie porte alors le nom de Karduniash, et la capitale est établie à Dur-Kurigalzu - Bien qu'ils se soient fortement "babylonisés", adoptant la langue, les moeurs, les dieux mésopotamiens (tout en conservant les leurs propres ou en les identifiant à des divinités babyloniennes), les Kassites ont apporté quelques éléments originaux.
Leur art est surtout connu par de petits objets, en particulier des terres cuites expressives et sensibles, comme certaines têtes humaines ou animales.
Caractéristiques sont aussi les kudurrû.
Ce terme akkadien signifie "frontière", "limite" et désigne des pierres coniques ou des stèles, avec des reliefs au sommet ou sur une face, représentant des symboles religieux (soleil, autels, instruments de culte, etc.) et des personnages, et gravées sur l'autre face et parfois même sur la face sculptée, de textes en cunéiformes akkadiens.
Ces textes sont des décrets ou des contrats assignant des terres à des personnages ou à des temples, définissant les limites de domaines ; ils sont souvent accompagnés de malédictions pour ceux qui violeraient les prescriptions et de remerciements aux dieux.
La plupart des noms de personnes bénéficiaires de ces décrets sont kassites ; ainsi est-on en droit de supposer qtfn existait une véritable aristocratie féodale propriétaire de la majorité des terres.
Par ailleurs, il semble que les kudurrû trouvent leur origine dans les pierres que les Kassites posaient dans leurs champs, dans le Zagros, afin de marquer les limites de leurs propriétés.

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