Les Ioniens appartenaient à la grande famille hellénique, avec les Doriens et les Eoliens, leur ancêtre étant Xouthos, frère d'Eolos et de Doros, tous trois fils d'Hellen et petits-fils de Deucalion et Pyrrha.
C'est leur langue qui, dans sa forme attique, a donné quelques-uns des plus beaux fleurons de la littérature grecque à l'époque classique.
Si l'on peut être assuré qu'ils ont émigré en Grèce, sans doute depuis les régions danubiennes à l'époque préhellénique, on ne peut déterminer avec précision à quelle vague de migrateurs indo-européens ils appartenaient.
Leur nom n'apparaît que rarement dans les textes les plus anciens : une fois dans l'Iliade, une fois chez Eschyle et ensuite chez Hérodote.
On trouve cependant dans les textes mycéniens mention de iawone, qui représente bien la forme archaïque de leur nom rendu dans les textes bibliques par javan, et par yauna dans les inscriptions perses achéménides.
On est en droit de supposer qu'à l'époque mycénienne l'Attique était occupée par une population composée d'Indo-Européens mêlés aux anciennes populations, et comme on ne trouve pas de rupture pendant la période mycénienne, il semblerait que ces "Ioniens" indo-européens se soient établis en Attique au plus tard à l'époque des tombes à fosse de Mycènes, soit au ~ XVIe siècle, date du début de PHelladique récent, soit même au début du ~ IIe millénaire, et ils seraient alors les porteurs de PHelladique moyen en Attique, leurs cousins achéens ayant plus particulièrement occupé le Péloponnèse.
Lors des événements qui mirent fin aux palais mycéniens, aux alentours de -~ 1200, et peut-être à la suite de l'expansion des Doriens, l'Attique devint l'un des refuges des populations de la Grèce mycénienne et, si l'on retient la tradition antique, Athènes aurait été la seule grande cité mycénienne à résister victorieusement aux Doriens.
Les fouilles de l'Acropole semblent confirmer cette tradition, car on n'y a pas trouvé de niveau de destruction comme dans les autres acropoles mycéniennes.
L'afflux de populations dans l'étroit territoire de l'Attique se trouve à l'origine de la migration des Ioniens vers les îles de l'Egée et les côtes de l'Asie Mineure.
Ces migrations depuis l'Attique ont été mises en doute par certains auteurs modernes, sous prétexte que la tradition antique trouverait son origine dans l'impérialisme athénien au ~ Ve siècle, la grande cité cherchant par là à justifié la mainmise sur les villes ioniennes.
En fait, il semble bien qu'elles soient une réalité attestée par l'archéologie.
Cette migration en masse se situe au cours de la seconde moitié du ~ XIe siècle, mais les premières vagues remontent à une époque plus ancienne et elles se poursuivent encore pendant plus d'un siècle.
La présence de tombes à tholos ou de poteries mycéniennes à Milet, Colophon ou Smyrne, témoigne d'une présence mycénienne dans ces sites dès le ~ XIIIe siècle.: les emigrants ioniens n'ont fait que suivre une route que leurs ancêtres avaient tracée depuis longtemps.
On ne possède néanmoins aucune preuve que ces colons mycéniens aient été des Ioniens dans la mesure où, en réalité, leur nom n'est mentionné dans aucun texte hittite ou égyptien, bien qu'on ait tenté d'interpréter par iawone certains termes ethniques trouvés dans les textes ougaritiques ou égyptiens.
A l'époque classique, il subsiste de cette colonisation l'Ionie, constituée par une fédération de 12 villes qui avaient leur sanctuaire fédéral au Panionion, sur le mont Mycale.
Ces cités sont : Chios, Clazomène, Colophon, Ephèse, Erythrée, Lebedos, Milet, Myus, Pho-cée, Priène, Samos, Téos.
Quelques-unes d'entre elles ont compté, en particulier à l'époque archaïque, parmi les plus opulentes des villes du monde grec et aussi les plus prestigieuses dans les domaines de la création artistique ou intellectuelle.