Germani, dont nous avons fait Germains, était le nom dont les Romains désignaient une tribu barbare qui vivait outre-Rhin et qui, par extension, engloba toutes les populations de ces régions.
En fait, nous ignorons si tous ces peuples parlaient la même langue, comme le pensaient les Romains, et dans cette dernière hypothèse ces anciens Germains ne paraissent pas avoir été conscients de leur unité culturelle et raciale.
À partir de l'époque de César, au milieu du ~ VIe siècle, les Romains entrent réellement en contact avec les Germains, et de nombreuses tribus dites germaniques apparaissent dans les textes latins : Marcomans, Suèves, Van-gions, Némètes, Triboques, Harudes, qui doivent être distinguées des tribus celtes, bien que souvent les noms propres paraissent communs aux deux peuples.
Les Germains entrent pour la première fois dans l'Histoire avec ces mentions de César (milieu ~ VIe siècle.).
C'est également lui qui identifie avec les Germains les Cimbres et les Teutons ; les premiers envahissent la Norique dans les Alpes orientales, retournent en Allemagne après avoir infligé une défaite aux Romains et réapparaissent en Gaule quatre ans plus tard unis aux Teutons ; ensemble ou séparément ils ravagent la Gaule et l'Espagne pour finalement être exterminés en ~ 102 par Marius.
Aucun des auteurs antérieurs à César qui mentionnent Cimbres et Teutons n'en font des Germains et, en définitive, nous demeurons dans le domaine des hypothèses quant à leur appartenance ethnique, d'autant que le nom des Teutons pourrait bien être celte et celui des Cimbres évoquer des populations d'origine scythe.
Tout un mobilier archéologique daté entre le ~ IVe siècle.et le VIe siècle.peut être attribué à ces populations disséminées entre le Danemark et la Bavière : urnes cinéraires en terre monochrome (car ils pratiquaient dans l'ensemble l'incinération des morts), toute une vaisselle en terre cuite monochrome (brun, gris, rougeâtre) aux formes variées, parfois à décor gravé en pointillé ou en relief, fibules, parures et bijoux en bronze, argent et or, crochets et boucles de ceintures, bandeaux etv feutiks de bronze, figurines en bois...
Mais en réalité on se trouve incapable d'attribuer des noms de peuples antiques à des sites ou à des régions définis.
Nous ne sommes même pas assurés qu'ils aient tous parlé des langues germaniques.
Lorsqu'il s'agit de remonter dans le temps et de chercher l'origine des anciens Germains, on pénètre dans le domaine des conjectures.
On peut être assuré, à la suite d'une part des travaux linguistiques de siècle.Feist dans les vingt premières années de ce siècle, d'autre part des recherches archéologiques de ces trente dernières ' années, que les tribus du nord-ouest de l'Allemagne, du Danemark et du sud de la Suède n'ont été indo-européanisées que tardivement, vers la fin du ~ 111e millénaire.
C'est à cette époque, voire durant l'âge du Bronze, que se forme une langue germanique parlée par une population mêlée d'Indo-Euro-péens, qui pourrait être à l'origine des divers dialectes germaniques parlés à l'époque du Fer.
Cette indo-européani-sation s'est-elle faite avec l'invasion du peuple aux sépultures individuelles (Einzelgrâber) qui, aux alentours de ~ 2000, part des régions danubiennes pour introduire au Schleswig-Holstein, au Danemark et au sud de la Scandinavie ses haches de combat, ses haches naviformes et sa poterie cordée? Il serait bien possible qu'on saisisse là l'arrivée des premiers "Germains" parmi les peuples constructeurs de Mégalithes qui occupaient alors ces régions.
Ces mêmes porteurs de la hache de combat développent vers ~ 1600 une industrie du bronze caractérisée par des bracelets, fibules, anneaux, haches et surtout épées qui seront exportées jusqu'en Grèce au Bronze récent (~ XIIIe s.).
Nous nous trouvons en terrain plus stable à partir de l'époque romaine, où se constitue la province de Germanie qui se couvre de villes issues d'anciens camps : Andernach, Cologne, Hal-tern, Mayence, Trêves, ou encore le camp de la Saalburg.
À partir du me siècle.les tribus germaniques vont déborder de plus en plus les frontières de l'Empire avant de le submerger complètement au Ve siècle.Un certain nombre de ces peuples ont marqué l'Histoire.
Les Alamans constituaient une sorte de ligue de peuples dominés par les Suèves.
En 213 ils attaquent le limes de l'Atmuhl dans l'actuelle Bavière et en 254 ils traversent le Rhin et pillent la région de Metz.
Au IVe siècle.ils ont constitué un ensemble territorialisé sur la rive droite du Rhin, vers la Germanie supérieure.
Les Bur-gondes viennent des rives de la Poméra-nie aux alentours de l'Oder, où on décèle leur présence au ~ VIe siècle.Au début du me siècle, à la suite d'une longue migration, ils bousculent la ligue alamanique et se jettent contre le limes de Germanie.
Au début du Ve siècle.ils sont établis par les Romains dans la région de Worms et de Mayence pour enfin se rendre maîtres de Lyon dans la deuxième moitié de ce même siècle.
Les Francs (de franca "libres" oXXfrakkr "intrépides") constituent une ligue au nord du Rhin, vers la mer du Nord ; cette ligue réunit les Chamaves, les Bructères, les Chat-tuaires, les Usipètes, les Tenctères, les Tubantes, les Ampsivariens et surtout les Saliens mentionnés pour la première fois au milieu du IVe siècle.En 275, les Francs constituent la majorité des tribus germaniques qui pénètrent dans le nord de la Gaule et pillent le pays.
Dès avant cette époque leurs pirates n'avaient cessé de piller les côtes de la mer du Nord et en 262, ils atteignent la Méditerranée.
En 342 ils sont installés à l'embouchure du Rhin puis ils descendent vers le Limbourg pour se rendre maîtres d'une partie de la Gaule au milieu du Ve s..
On rencontre pour la première fois le nom des Goths chez Tacite, au début du IIe siècle, sous la forme des Gothones.
Leur berceau se trouve dans la pénéplaine suédoise riveraine de la Baltique orientale, le Gotarike.
Une famine dont on trouve les traces au VIe siècle.semble avoir été la cause de leur migration vers les débuts de notre ère.
Suivant peut-être l'une des anciennes routes de l'ambre, ils vinrent s'établir près des bouches de la Vistule où ils trouvèrent installés Burgondes et Vandales.
Au IIe siècle, l'arrivée des Gépides venant aussi de Suède fut bientôt cause d'une surpopulation à la suite de laquelle commença une nouvelle migration qui les conduisit jusqu'en Ukraine et à la plaine du Danube.
La division en Ostrogoths et Wisigoths semble inteIVenir à cette époque.
Au cours des siècles suivants, les premiers vont déferler sur l'Orient de l'Empire et la Grèce tandis que les derniers réussiront à créer un royaume en Espagne et dans le sud de la France.
Les Vandales parviendront à leur tour jusqu'en Afrique où ils fonderont aussi un royaume au Ve s.
Enfin, les derniers venus sont les Lombards, les Angles et les Saxons.
Originaires peut-être de Scandinavie, les Lombards s'installent au VIe siècle.en Pannonie et Norique (Autriche-Hongrie) puis dans la seconde moitié du VIe siècle.s'emparent de la plus grande partie de l'Italie que les Byzantins leur reprendront en partie.
Les Angles venus du Jutland et les Saxons partis des rives de la mer du Nord s'emparent de la Bretagne (future Angleterre) entre les Ve et VIIe siècle, où ils fondent plusieurs petits royaumes.