Cimmériens
Cette population, constituée sans doute de pasteurs semi-nomades des régions pontiques (rives de la mer Noire) nous est connue par les textes grecs et assyriens.

La plus ancienne mention se trouve dans l'Odyssée, qui les décrit vivant au bord de l'Océan (ce qui les place à l'occident, mais la géographie d'Homère reste souvent assez fantaisiste et imaginaire, quoi qu'on en ait dit) dans un pays de nuées et de brouillards, et presque dans une nuit perpétuelle.
C'est à peu près vers cette époque qu'ils font leur irruption dans l'histoire: au ~VIIIe siècle, bousculés par les Scythes qui s'établissent dans les régions au nord du Pont-Euxin et dans le Caucase, les Cimmériens pénètrent dans l'Urartu et se répandent à l'est de la Cappadoce.
Ils sont mentionnés par les annales assyriennes sous le nom de Gimirrai.
Une lettre de Sargon II de la fin du ~ VIIIe siècle.les nomme pour la première fois.
Ils venaient de battre en ~ 707 le roi d'Urartu Argishti II, mais l'année suivante, Sargon les vainquit et les refoula vers l'ouest.
Ils pénètrent alors en Phrygie où ils seraient la cause du suicide du roi Midas en ~ 696.
A nouveau vaincus par Assarhaddon en ~ 679, ils se répandent à nouveau en Asie Mineure sous la conduite d'un roi appelé par les Grecs Lygdamis (transcription de Dugdamme) qui bat le roi de Lydie Gygès en ~ 652 environ, et pille Sardes.
Finalement, des épidémies...
et surtout les Scythes qui les pourchassèrent jusqu'en Asie Antérieure, les anéantirent.
En ~ 630, ils avaient disparu après avoir fait trembler une partie de l'Orient pendant quatre-vingts ans.
De ce séjour mouvementé et sans doute rempli de déplacements incessants à travers Panatolie, il ne subsiste guère de témoignages archéologiques.
Cependant, nous savons par Hérodote qu'ils étaient établis au nord de la mer Noire et vers le Kouban lorsque au ~ vme siècle.
les Scythes anéantirent toute la race royale, c'est-à-dire la classe des guerriers ; ces derniers furent ensevelis sur place et les populations cimmériennes émigrèrent, abandonnant leurs territoires aux nouveaux venus.
On peut donc en conclure que les cultures pontiques des premiers siècles du ~ Ier millénaire, qui ne font que continuer celles des siècles précédents, doivent être attribuées aux Cimmériens.
C'est ce que pense entre autres M. Gim-butas, qu'on peut suivre dans ses déductions parfaitement fondées.
Cette civilisation appelée nord-ponti-que débute vers ~ 2000 et est représentative de l'âge du Bronze de l'Ukraine et du Caucase..
Elle est caractérisée par ses tombes dites à catacombes qui consistent en un puits donnant accès à une chambre, type de sépulture limité aux premiers siècles du ~ IIe millénaire et qui ne domine pas dans certaines régions comme la Crimée et le Kouban, où se perpétue la tradition plus ancienne des tombes rectangulaires en forme de cabane.
On connaît quelques villages comme celui de Dzvonetskaja Balka, où les demeures disposées régulièrement en cercle sont en terre sur des bases en pierre avec des sols en dalles de pierre ou en argile cuite.
A Babino, dans la région de Kherson, à côté de maisons rectangulaires à fleur de sol, on trouve une demeure ovale semi-souterraine. Les outils et armes sont en cuivre.
Des stèles anthropomorphes se retrouvent au cours de cette période et dans les périodes suivantes.
Celles-ci, qui débutent au ~ XVIIIe siècle, sont divisées en plusieurs phases caractéristiques.
Le bronze devient de plus en plus commun et les porteurs de ces cultures apparaissent comme d'habiles métallurgistes.
Les tombes à catacombes disparaissent peu à peu au profit de sépultures plus diversifiées : tombes à cistes et à charpentes (Sroubnaya Koultoura des archéologues soviétiques).
Ce dernier type de tombe se répand jusqu'aux montagnes du Caucase où il règne avec le ciste à partir du ~ XVe siècle.Il ne semble pas que, comme l'a soutenu T. Suli-mirski, le type de la tombe à catacombes se soit perpétué jusqu'au ~XIIe siècle.Cette hypothèse est fondée sur la découverte de perles en faïence dans ces tombes.
Or ces perles, sans doute d'origine égyptienne, sont en fait difficiles à dater précisément et si un grand nombre d'entre elles furent en effet diffusées à l'époque amarnienne, elles ont été exportées bien plus tôt ; le mobilier trouvé dans les tombes à catacombes interdit de les dater après le ~ XVe siècle.M. Gimbutas divise la période qu'elle appelle "post-catacomb-grave" en 6 phases:
  • Usatovo-Babino (~ 1800/~ ca 1650/1600)
  • Kut (ca 1650/-1550/ 1500)
  • Borodino-Faskau (-1550/ 1500/-1450/1400)
  • Kostromskaja (~ 1450/1400/- 1250/1200)
  • Berislav (~ 1250/1200/-1100)
  • Borgustans-kaja (~1100/~ 850/800).

L'invasion scythe ne met pas fin à l'ensemble de la culture cimmérienne.
Il subsiste à l'ouest jusque vers ~ 500 un groupe dit thraco-cimmérien.
Vers la Crimée, le détroit de Kertch, appelé par les Grecs Bosphore cimmérien, perpétuait le souvenir de leur présence en ces régions et aussi dans la culture criméenne de Kizil-Koba qui, aux ~ VIIe et ~VIe siècle, prolonge la culture nord-pontique.

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